À l’évocation de son parcours musical, fait de nombreux cycles et évolutions, c’est une véritable quête que Chilla dépeint. Un cheminement jonché d’étapes, où chaque embranchement trouve son sens et sa nécessité. Où chaque titre, chaque projet, chaque prise de parole participent à sa construction, tant artistique que personnelle : pendant que Chilla, la chanteuse, repoussait les frontières des genres, explorant tour à tour le rap, le r&b ou la chanson française, Maréva, de son prénom, apprenait à vivre et se découvrait en tant que femme.
Définir Chilla n’a jamais été une mince affaire. Refusant littéralement les cases auxquelles on aurait pu la cantonner, même celles susceptibles d’accélérer son retentissement, l’artiste n’a eu cesse de se réinventer. Spontanés, ses disques l’ont toujours été, de M?N à EGO, sans oublier l’EP KARMA. Nés d’une impulsion, d’une émotion ou d’une étincelle, leurs morceaux capturaient l’essence d’un instant de vie, d’un coup de gueule ou d’une prise de position. La réflexion, elle, venait plus tard, à l’heure de concevoir la tracklist. Pour EGO, deuxième opus conçu dans la douleur, ce sont près d’une centaine de titres en l’espace de trois ans qui ont été enregistré, pour n’en conserver que 18. Une démarche éprouvante pour la franco-malgache, toujours à la recherche du parfait assemblage, mais finalement jamais pleinement satisfaite.
Suite à la sortie de 333, son troisième album paru au mois de septembre 2024, Chilla a radicalement changé d’approche. Au terme de sa dernière tournée, la rappeuse-chanteuse prenait enfin le temps de souffler, en s’accordant le premier break de sa carrière d’artiste, sur ses terres d’origine, à Madagascar. Une pause salvatrice qui lui permettait de faire le point sur sa vie et les épreuves l’ayant jalonnée.
Symbolisant le lâcher-prise, 333 est un album de rupture. Amoureuse d’une part, puisque Maréva se relevait d’une séparation. Mais aussi méthodique. À peine 5 mois après sa dernière date, Chilla rentrait en cabine, par simple envie de créer, et posait spontanément LA, pierre angulaire et single inaugural de ce qui prenait la forme d’un troisième long format. Ce titre en deux temps, allant crescendo du désespoir vers légèreté, lui offrait alors de nouvelles perspectives : celles d’un renouveau. En quelques mois seulement, elle couchait le reste de l’opus, immortalisant son mood du moment, tout en faisant la synthèse de ses influences métissées. Comme une balade sous un coucher de soleil, portée par des sonorités laid-back et vintage, parfois 2-step, électro ou plus calmes, c’est une authentique
conversation que Chilla nous offre, en abordant chacune des phases de sa reconstruction : colère, deuil, acceptation, puis guérison. Avec Fleetzy, les Rabbits, Cosmo ou encore NKF et Neo Maestro à la baguette, les douze titres qui composent cet album atteignent le parfait équilibre, entre la densité du propos et la légèreté de l’esthétique, tandis que Disiz et Kobo agrémentent cet album si personnel de leur singularité (respectivement sur Petit Cœur et
J’attends trop de toi). Absente des radars depuis 2022, Chilla a marqué son retour le 20 septembre 2024 avec son album « 333 ».