REYNZ

Après la pluie reviendra la pluie : Reynz vient de Brest-même et de nulle part ailleurs. Cinglants et poétiques, tantôt fantasques, tantôt réalistes, les textes du jeune rappeur nous font découvrir les rues de sa ville de cœur, si maussade qu’elle en est belle. Entre deux averses, au fond d’une ruelle sans réverbère, certains diront qu’ils ont aperçu Verlaine et SCH discuter ensemble ; d’autres diront que c’était Miossec et Ben PLG. Au bout de ce monde, il y a toutes les saisons dans une journée ; de la tempête à l’éclaircie, comme dans les morceaux colorés de Reynz.
Son nouvel EP, intitulé « R », est ancré dans son époque, souvent mélodieux, toujours rap, jamais bloqué dans un style. À la production, on retrouve Iksma, le beatmaker connu pour son travail avec PNL, Ninho ou encore Gringe. Le titre « L’OCCAZ » est une collaboration entre ce dernier et leur ami Protein Papi. La production est épurée, les titres triés, composés sur un an en studio. Des quinze morceaux sculptés dans le ciment il n’en reste que cinq, les meilleurs : pour Reynz, la carrière d’un rappeur c’est une bataille contre soi-même. « L’OCCAZ » est une quête nocturne de bonheur ; sur les arpèges de guitare de « ALOHA » on évoque les relations amoureuses. « UN PEU DE PEINE » nous plonge dans la tristesse d’un quotidien sans saveur, foutu pour foutu, autant le transformer en fête. Et puis vient « ATLANTIQUE » qui nous envoie son crachin. Reynz enchaîne les punchlines avec flegme et prend plaisir à se moquer des clichés. Enfin « R » se termine par une ode amusée à l’été en Bretagne : dans la 207, un CD de Nolwenn Leroy traîne sur la banquette. Reynz s’imagine posséder le compte en banque de la star bretonne en écoutant La jument de Michao.
Ah ! Si j’étais riche ! Je serais libre comme R.